Le village de Mazé

Le village de Mazé


Mazé est l'un de ces villages qui sèment ses demeures de tuffeau aux lucarnes proprettes le long de la Nationale, et s'allonge des rives de l'Authion aux premières terres du Baugeois. Environ 4000 habitants séparés par le flot continu de la route, entre les Bas Pays, comme on dit ici, et le bourg.

Mazé vit sa vie de vallée à l'aube du siècle nouveau, entre les lotissements et les six jeux ce boule de fort, les agriculteurs et les nouveaux rurbains attirés par la proche campagne : Angers n'est qu'à 20 km.


Mais Mazé serait un village comme les autres s'il n'avait pas fait naître le poète patoisant Emile Joulain, dit Gàs Mile, chantre de la Loire décédé au début de 1989 après avoir presque traversé le siècle, et vu construire l'un des plus harmonieux chàteaux de l'Anjou, Montgeoffroy, où rien n'a changé depuis le Maréchal de Contades, son premier occupant en 1772.

Les demeures paysannes ramassant autour d'elles le verger et le potager, ont la beauté de leur simplicité. L'habitat de la vallée a refleuri partout au XIX siècle, signe d'une prospérité légumière dont on lit encore les parcours le long de l'étroite rue Bauné, où cahotaient les brouettées de carottes renommées.

On voit apparaître le modèle unique des maisons de la vallée, repris indifféremment par le maraîcher ou l'artisan, le métayer ou le petit bourgeois : la maçonnerie est un tuffeau blanc appareillé, et les lucarnes, devenues seulement décoratives, permettent d'identifier par leurs ornements la qualité de l'occupant. L'accès au grenier se fait par un escalier extérieur en tuffeau, avec des marches en ardoise qui enveloppent le four à pain, et par une porte située sur le pignon. Les lucarnes sont dans le même axe que les portes, les fenêtres sont à deux battants de trois carreaux chacun.

Des paysans, on n'en trouve plus guère qu'une quarantaine en cette fin de siècle, alors qu'on en comptait plusieurs centaines il y a trente ans. le maïs et le tournesol, exigeant plus de terres que de bras, ont envahi la vallée et les petits maraîchers producteurs de melons et de carottes, autrefois innombrables, ont succombé à la modernité rurale.

Une partie des 3300 hectares de la commune sont maintenant la proie des céréaliers intensifs, des peupleraies et , dans une moindre mesure, des horticulteurs et des grainiers attirés par la richesse et l'irrigation de ces terres reconnues comme les plus belles de l'Anjou.

Avant de tirer avantage de la fertilité du sol, la population de la vallée s'est constamment battue avec les crues du fleuve mélangeant ses eaux avec celles de l'Authion. Il fallut attendre le XVIIe siècle pour voir enfin achevée la barrière continue des levées, succédant aux très anciennes turcies et digues au petit bonheur.

Mazé a su maintenir sa population, grâce à la proche attraction d'Angers, des commerces en nombre suffisant et un milieu scolaire dynamique. On vante les trois boulangers (dont l'un qui produit un merveilleux pain à l'ancienne cuit au feu de bois), les trois restaurants, les deux pharmacies, le petit supermarché, la zone artisanale et surtout le cadre de vie, sur des rives de l'Authion que la commune souhaiterait aménager pour les loisirs, en remettant en vigueur les carrelets qui étendent sur leurs cerceaux leurs filets de pêche.

Réticents à la communauté de communes et soucieux de ne pas être "mangés par Angers", les villageois de Mazé se sentent avant tout "gens de la vallée" et entendent le rester contre crues et marées.

Chantée par Emile Joulain la vallée qui n'a pas été trop meurtrie par l'urbanisation médiocre de nos campagnes, offre de magnifiques promenades, à l'àme impressionniste.


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